Dans l’Europe centrale du XVIIᵉ siècle, encore marquée par les blessures de la guerre de Trente Ans, la ferveur piétiste nourrissait un profond élan spirituel. C’est dans ce climat, où la foi cherchait à s’exprimer dans l’intimité et la contemplation, que Dieterich Buxtehude composa  Jesu membra nostri.
Datée de 1680, probablement écrite pour la cour suédoise, cette œuvre se dresse comme un sommet de son art vocal, et l’un des témoignages les plus saisissants du mysticisme musical baroque.

Les sept cantates qui la composent forment un parcours de méditation : chacune évoque une partie du corps du Christ en croix, du pied jusqu’au visage. À travers cette progression, Buxtehude invite à une forme de prière musicale où la douleur devient tendresse, où la souffrance s’ouvre à la lumière.
La beauté de cette musique ne tient pas seulement à sa perfection formelle, mais à sa capacité à suspendre le temps, à créer un espace intérieur où l’écoute devient recueillement.

Membra Jesu nostri n’est pas seulement une œuvre religieuse : c’est une expérience de l’âme, un moment de silence et de grâce où l’art touche à l’essence du sacré.

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​ Andoni Sierra · direction