"UN SITE UNIQUE EN LORRAINE"
Le prieuré clunisien
de Froville
Modeste et discret au milieu de la campagne environnante enraciné au coeur du terroir Lorrain, l’ancien prieuré de Froville garde ses souvenirs vieux de 9 siècles...
L’ église de Froville s’ élève au centre du village, situé sur un coteau, sur la rive droite de l’Euron.
Il s’agit d’un des plus anciens édifices religieux du nord-est de la France encore intact. C’est aussi l’une des nefs romanes les plus caractéristiques et les mieux conservées.
Architecture romane
La nef, massive, est de style roman, avec sur ses cotés, ses voûtes de pierre arrondies en plein cintre, appuyées sur de lourds piliers faits de moellons appareillés. On remarque l’alternance de deux piliers ronds pour un pilier carré, selon la tradition ancienne. Les matériaux (pierre calcaire) proviennent de carrières proches (certainement Villacourt).
Les piliers sont surmontés de chapiteaux (grès vosgien) très sobres simplement bisautés.
Voûtes et piliers forment ainsi six arcades, supportant les murs de la nef centrale, large de 7m30 et d’une longueur de 20m, et dont la partie haute est percée de 5 fenêtres ébrasées, de petites dimensions.
Le mur du fond, pour sa part, garde les vestiges d’un portail en plein cintre, aujourd’hui bouché, et qui fut peut-être à l’origine, l’entrée de l’église.
Pour le plafond, étant donné les dimensions relativement modestes de l’édifice, on avait gardé ce qui était pratique courante au Moyen-Age : le plafond plat, en bois.
De chaque coté de la nef centrale, deux nefs latérales d’une largeur de 3m50 donnent à l’ensemble un plus large espace et une meilleure harmonie.
L’église renfermait de nombreuses pierres tombales qui ont disparu en 1886, époque ou l’on remplaça malheureusement l’ ancien pavage de pierre par un carrelage en céramique.
Il reste néanmoins deux pierres tombales, l’ une, adossée au mur près du chœur à droite, porte la sculpture d’un seigneur et de sa dame, en oraison. La date est apparente : 1551
L’autre encore en place devant la chapelle latérale, portant une inscription en lettres gothiques du 16e : « ci-git Elisabeth, femme du seigneur Henri de Bilistein... »
Le clocher qui fait figure de tour massive date également de l’époque romane. L’ épaisseur des mûrs dépasse un mètre. De forme carrée, il se dresse sans aucune ouverture à sa base.
A son sommet, son campanile est percé sur deux côtés d’une double baie, séparée en son milieu par une colonnette supportant deux arceaux arrondis, témoins eux aussi du style roman.
Les 3 cloches qui se trouvent actuellement dans la tour datent de 1864.
Architecture gothique
Le chœur primitif était certainement de style roman. Il a fait place au 14ème siècle à un chœur gothique, suivant les nouvelles techniques inventées par les constructeurs de l’époque.
Ce fut l’invention de l’ogive qui permit l’envolée du gothique. On eut l’idée de ciseler des nervures de pierre se rejoignant comme deux mains jointes. On passait ainsi de la ligne arrondie du berceau à une forme plus élancée, plus aérienne. En assemblant ces nervures en forme de x, on obtient la croisée d’ogives, sorte de fine charpente de pierre dont la base reposait sur les 4 piliers d’angle, tandis qu’au sommet les lignes se rejoignaient pour former la clef de voûte.
De la même époque date le portail qui nous a accueilli à l’entrée. Il se distingue surtout par son tympan, fait de trois rangées de colonnettes, en relief l’une sur l’autre. Entre les colonnettes courent des motifs sculptés représentant des feuillages.
Sur la gauche, on distingue 3 petits visages sculptés : serait-ce les moines qui nous accueillent ?
Au nord de l’ église subsistent les vestiges du cloître construit au 15e siècle, qui se trouvait adossé à l’église, surmonté d’un étage, et qui occupait le centre des batiments du prieuré, dont la salle du chapitre, le réfectoire et les pièces d’habitations.
Cette reconstruction explique que les fenêtres romanes percées dans le mur nord de l’église aient été bouchées.
Pour admirer le cloître qui jouxtait l’église, il nous faudrait traverser l’océan.
En effet, en 1920, les arcades du côtés ouest ont été vendues par leur propriétaire et emportées pierre par pierre aux États-Unis. Elles sont aujourd’hui présentées au Cloisters du Metropolitan Museum of Art à New-York.
Les travaux
Autour des années 1950, on s’attacha à comprendre la méthode de construction du prieuré et l’on enleva ainsi enduits et plâtres qui cachaient l’appareil de construction.
En 1997, l’Association des Amis du Patrimoine Culturel de Froville est crée suite à la rénovation /restauration (réfection de la charpente et toiture, plafond...) de l’église.
Le jardin d'harmonies
Le jardin d'harmonies est conçu à la place des anciens jardins du prieuré par Jacques Couturieux, spécialiste en plantes rares. Ce jardin, attenant à l'église du XIe siècle et au cloître du XVe siècle, est ouvert à partir du printemps jusqu'à l'automne.
Le nouveau jardin du prieuré, imaginé autour de courbes évoquées par les reliefs des grands buis bicentenaires mais aussi par les niveaux naturels du lieu, surplombe le village de Froville de ses couleurs sans cesse renouvelées tout au long des saisons. En 2005, le jardin d'Harmonies a été réalisé avec l'idée bien définie de préserver les buis bicentenaires, piliers des jardins, toujours intacts aujourd'hui, qui encadrent les massifs de plantes rares et de plantes aromatiques et condimentaires utilisées autrefois dans le jardin médiéval, alors que les plantes vivaces, arbustes et arbrisseaux apportent de multiples palettes de couleurs tout au long de l'année. L'on y découvre également de nombreuses variétés de roses, roses anglaises, roses anciennes et "nouvelles" roses anciennes. Les plants sont décrits grâce à leurs noms commun et latin.
Visiter ce jardin revient à voyager au travers de siècles de culture, depuis les temps ancestraux où l'on utilisait plantes médicinales et condiments jusqu'à nos jours grâce aux nouvelles variétés de rosiers tel que l'astronomia, mais aussi s'évader en respirant les senteurs méditerranéennes de certains massifs, les Menthes des différents continents, des parfums bizarrement exotiques que l'on ne s'attend pas à trouver au beau milieu d'un jardin lorrain...